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jeudi 13 février 2014

Vision trouble (société, économie)




Combien de notes sur les scandales politiques, financiers, sur la corruption et la mauvaise gestion des fonds publics? Combien d’articles de journaux, de bulletins de nouvelles, d’émissions de radio?

Je vis au Québec, dans l’agglomération de Montréal. Une grande ville qui repose sur des réalisations modernes durant la foulée des grands projets des années 1950 aux années 1970.
Des années où tout semblait à bâtir.
Des échangeurs gigantesques, un stade de renommée internationale, des gratte-ciels, un métro sous-terrain à la fine pointe de la technologie. 
Des barrages hydro-électriques phénoménaux. 
Un pont-tunnel, un pont Champlain, un pont de la Concorde, une exposition internationale. Rien ne semblait pouvoir arrêter les bâtisseurs.
La démesure était un concept qui ne s’appliquait plus. Nous étions un peuple de géants bâtisseurs.

La corruption existait déjà, nous en fûmes témoins.
Elle n’empêchait pas les projets de voir le jour.
La prospérité était là pour qui voulait travailler et y croire.
Que s’est-il passé?

Pour qu’aujourd’hui tous les ponts soient en travaux et menacent de s’écrouler...
Je n’exagère pas, sur les cinq ponts qui desservent la Rive-Sud, quatre étaient réduits à une seule voix il y a quelques semaines. Je me suis fait prendre plusieurs fois dans des bouchons aux petites heures du matin en revenant de travailler sur des chantiers de nuit.
Le seul pont en bon état, c’est le pont Victoria, ouvert en 1859.
Nos infrastructures croulent, les procès de corruption abondent, et rien ne semble vouloir bouger.
Il faut remplacer les ponts sinon Montréal étouffera. C’est la catastrophe.


Alors on crée des commissions, on fait des études, on tergiverse.
On propose des solutions qui coûteront cher, très chers.
On annonce aussi que les contribuables devront payer plus.
Mais je vois…
Des infrastructures majestueuses, des milliers de tonnes de béton à l’abandon.
Je vois un parc olympique sous-utilisé, parfois presque à l’abandon.
Je vois la biosphère, dont le gouvernement vient de fermer le musée de l’environnement où des gens passionnés et engagés travaillaient, immobile dans la neige.
Je vois des salles immenses, à l’abandon, sous le pont Jacques-Cartier.

Des citoyens ont proposé comme solution de remplacement pour le nouveau pont Champlain, un pont aménagé qui pourrait comporter des commerces et des espaces de vie publique.
Voilà qui pourrait rentabiliser le pont et le rendre plus attrayant. Occuper ces structures gigantesques, utiliser le béton et la surface pour que tous puissent en profiter.

En fait, ce que je constate dans cette note, c’est le manque de vision des élus et de la population en général.

Lorsque les étudiants sont descendus dans la rue, on les a condamnés immédiatement, sans essayer de voir quelles étaient leurs revendications. Notre société refuse de voir.
Voir que ça ne va pas, mais on s’en doute. Mais surtout, ne pas vouloir changer quoi que ce soit à un système qui est voué à s’écrouler, emportant tout avec lui.
Pourquoi ne pas faire exception et ne pas attendre d'être pris à la gorge, enfin « prévoir »? Puisque tout est dans ce mot : voir au loin, s’y prendre avant qu’il soit trop tard, prévenir, prévoir!

Notre société considère que les écrivains, les artistes et les philosophes ne sont plus nécessaires. « Ce ne sont pas eux qui construisent notre société ».
«Ce ne sont pas eux qui nous permettent de développer des technologies de pointe ».
Bref, les sciences humaines ne sont pas là pour nous rendre prospères. Ce sont des fumistes Bohême qui dépensent leurs acquis facilement, n’ayant qu’à vivre aux crochets de la société.

Collectivement, nous devons trouver des solutions novatrices et originales. Nous devons récupérer ce qui existe déjà, recycler, regarder ce qui est déjà en notre possession et se le réapproprier. Créer avec des yeux nouveaux.
Pourtant, les universités et les collèges produisent des milliers d’ingénieurs et de techniciens plus doués les uns que les autres.
Malheureusement, nos universités et nos collèges produisent des nains aveugles.
Rien d’ambitieux, qui changera le monde d’une façon spectaculaire.
C’est ce que nos gouvernements souhaitent. C’est ce qu’ils achètent.


Pas de philosophie, pas d’éthique.
Pas de visions éclatées qui nous permettent de voir autre chose que nous ne connaissons pas.
Nous avons créé des usines à moules et en sommes devenus prisonniers.
Comment fait-on pour briser un moule?
Je pose la question?

Il ne faut pas brimer les rêveurs, il faut les cultiver pour s’en inspirer.

vendredi 10 janvier 2014

Le paradoxe sale (Philo-débat)



C’est le nom dont j’affublerais quelqu’un qui s’en sort toujours, peu importe ce qu’il fait, comment il le fait, ainsi que l’impact et les traces qu’il laisse derrière lui en agissant de cette façon.
Me viennent en tête plein de noms…
Cependant, le paradoxe nous colle aussi à la peau, bien malgré nous.
La preuve en est que cette journée, en apparence anodine, me réservait des surprises qui, selon le jugement de l’un ou de l’autre, allait devenir prétexte à m’amuser.

Peut-être était-ce le soleil radieux de ce beau mardi ou la belle matinée passée en belle compagnie avec ma cadette, mais je me sentais dans une bulle formidable que personne n’aurait pu ébranler. Pas même ce chocolat chaud qu’elle avait renversé sur ses pantalons.
On a tout ramassé, on a continué à rigoler et à discuter d’enjeux existentiels. L’importance d’avoir au moins une passion. Qu’elle soit assez forte pour nous tirer du lit et faire fuir Morphée, la queue entre les jambes.
Rien n’aurait pu entacher cette belle journée.

Premier paradoxe...
Après avoir laissé ma fille à l’école, en route pour acheter du pain sur le boulevard Jacques Cartier, je suis talonné par un kid à palette dans sa BMW rouge cerise.
Ici, permettez-moi de mettre un repère chronologique.
Mardi 03 avril à 10 :15hrs.
La planète web est parfois bien petite.
Ce moron du volant pourrait bien se reconnaître!
Donc…
Je disais,
Sur la route, j’hésite à doubler ce gros camion de pompier par la gauche. Nous sommes à l’approche d’une courbe assez serrée. Le petit monsieur derrière moi, cherche à savoir ce qu’il peut bien y avoir dans mon coffre arrière… Ou peut-être voudrait-il faire du caravan bottine en s’accrochant à mon véhicule? Il met pas mal de pression pour que j’accélère.
Comme de fait, une fois dans la courbe, le camion de pompier n’a pas vraiment le choix et gruge la moitié de la deuxième voie. Il y a parfois de bons côtés à avoir une tête de mule…
Une fois la courbe écartée du chemin, j’accélère à 59 km/h pour me ranger dans la voie de droite, devant le camion de pompier.
La BMW passe en vitesse, irritée par ma vitesse de pépère…
À ce moment, mes synapses échangent tellement d’influx électriques qu’on dirait qu’il y a un banc de corneilles qui jacassent entre mes oreilles. La belle journée est restée loin derrière.
Rien n’aurait pu entacher cette journée ?
Pourquoi n’y a-t-il jamais de polices dans ces moments?
Les nuages s’écartent, pour libérer d’énormes colonnes de lumières éblouissantes et les anges descendent sur terre sous l’apparence de lumières rouges et bleus.
La BMW est prise en chasse et la sanction est implacable.
Pan!
Une contravention!
Je suis sidéré.
Ça arrive aussi aux trous du cul!?!

En sortant du magasin de produit de boulangerie, je constate que la voiture de police n’est pas très loin.
Je m’arrête, descends de mon véhicule et m’approche des policiers absorbés à observer la circulation.
Bonjour, dis-je, un peu inquiet de faire sursauter les deux agents et de me retrouver dans le rôle de l’agresseur alors qu’une petite voix dans ma tête me demande avec nervosité ce que je peux bien foutre là…
Le conducteur retire ses lunettes fumées pour me regarder dans les yeux, prêt à tout.-J’ai vu votre intervention lorsque vous avez intercepté la BMW rouge, tout à l’heure! Il me collait et aurait bien voulu que je double le camion de pompier dans la courbe.
Vous avez fait ma journée, sans aucun doute.Le policier rigole.
-Alors je suis bien content d’avoir fait votre journée!
-Ça ne doit pas arriver souvent, que quelqu’un prenne le temps de vous dire ça?
Le policier me répond en éclatant de rire.

 Ben oui.
Ma journée est faite.
Ouin... Pour moi, c’est un peu paradoxal.

Quelques instants auparavant, je ne savais plus si ma journée était formidable ou non… Et voilà que ladite journée est sauvée parce qu’un citoyen vient de recevoir une contravention.
Croyez-moi, en ce qui me concerne, ça ne me ressemble pas du tout.


Deuxième paradoxe…Mon panier de provisions à la main, je me suis acheté une frite et je me suis trouvé une place pour m’asseoir.
Alors que je picosse mon butin comme une mouette, l’œil torve du prédateur se demandant qui aura assez d’audace pour venir me le chaparder, j’aperçois un futur rapace qui chigne et se démène dans les bras de sa maman.
Il pleure et proteste avec véhémence, ses boucles dorées contrastant avec son teint cramoisi de petit homme contrarié.
Je n’interviens que très rarement avec les enfants.
C’est devenu un sujet un peu tabou, dans notre société.
On entend tellement parler de pédophilie, d’agresseurs et de kidnappeurs d’enfants, que les regards inquisiteurs des parents ont la fâcheuse tendance à être perçu comme des accusations qu’on ne voudrait jamais ressentir, accompagnés d’un jugement horrible au potentiel qui glacerait le sang de n’importe quel bienpensant…
J’en sais quelque chose, je suis moi-même parent.
Je ne sais pas quelle mouche me pique.
Je tente quelque chose.
Décidément, quelle drôle de journée!
Fidèle à mon habitude de polémiste infantilisant, j’imite le petit monstre, en faisant la moue, en frottant mes yeux. Le contact est foudroyant.
Pas comique, de se retrouver dans un miroir de 43 ans.
Puis le sourire.
Décontenancée, c’est la mère et la grand-mère qui ne comprennent plus rien.
Qu’est-ce qui se passe avec le gamin?
Suivant son regard, ils finissent par me voir.
On échange un peu, les banalités de tous les parents.

-Pas facile

-Oui, mais on les aime tant.

 Puis le petit est rendu à ma table. Là, je deviens mal à l’aise. Parce que, comme parent je n’ai jamais aimé que mes enfants approchent des étrangers.
Ça tombe bien, j’ai fini ma frite.
Je m’apprête donc à déguerpir.
Il me lance sont plus tonitruant rugissement. Rien à voir avec un lionceau!
Wouaouh!
Qu’il est fier, ne lui manque que la crinière.
Je lui dis bye bye, accompagné d’un geste de la main.
Il me retourne la pareille.
Je vois ses grands yeux bleus, sa mère et la mère de sa mère.

Tout le monde est conquis. Moi aussi.

Dire que j’ai hésité à vivre ce beau moment à cause de considérations purement virtuelles qui, au fond, ne me concernaient absolument pas… C’est fou ce qu’on peut devenir psychorigide, quand on tient à rester dans notre zone de confort.


Troisième paradoxe…
Je fais la file, pour quitter l’empire de la surconsommation, Costco wholesale, qui contrevient allègrement à la loi 101 du Québec, où toute entreprise doit s’afficher en français.
Je me dis que mon panier est bien vide, à côté des autres.
Désolé Monsieur Costco, je n’ai plus les moyens de nourrir les grandes corporations de ce monde, car ceux-ci nous ont trop appauvris à tout vouloir prendre sans retenu.
L’économie locale est moribonde.
Enfin, c’est ce que les bulletins de nouvelles clament.
Pourtant, le magasin Costco est toujours  bien plein de consommateurs.
 Nous voulions nous donner un pays, mais nous jouons à la bourse et frayons avec le commerce international.
Je crois que pour le nouveau millénaire, nous devrions abolir les frontières plutôt qu’en créer de nouvelles, mais les cupides de ce monde n’ont déjà que faire des frontières. C’est peut-être notre dernière protection que de nous enfermer dans un pays.
Je ne sais pas.
Je crois que personne ne veut céder sa part de privilèges.
Si c’est pas dans ma cour, c’est correct.
L’homme étant ce qu’il est…
Il construit de grandes choses et fais de grands discours, mais il ne fait que rugir.
Il est encore bien petit.
Mais ses parents n’apprécient probablement pas qu’on lui parle.
Il ne sait manifestement pas quoi faire lorsque c’est le cas, de toute façon.
La dame qui vérifie que le contenu des paniers correspond à la facture me fait signe d’avancer.

-Bonne journée
Me dit-elle.

Je réponds en hochant la tête.
Quelques secondes passent.

-Bonne journée vous aussi! Désolé, mais j’avais un bout de frite entre les dents.
Elle éclate de rire.

-Je comprends, moi aussi je n’aurais rien dit!

C’est une belle journée, remplie de rire et de complicités.
Il n’y a pas si longtemps, je priais pour enfin pouvoir sentir le temps filer, doucement.
Je rêvais de voir s’écouler le temps paisiblement, de le palper. J’étais comme un jouet prit dans la tourmente d’une tempête qui se déchainait.
J’étais sans repères. Le travail prenait toute la place.
Puis mon poste a été supprimé.
Avant que je ne sombre, sous la tempête, engloutie dans l’onde qui se tapit sous les vagues furieuses.
J’ai fait naufrage chez moi, sur le chômage.
Je ne me suis pas noyé.
Je constate, avec un peu de recul, à quel point le surmenage et le temps supplémentaire nous tuent à petit feu.
Ils nous rendent laids, irritables, impatients, incohérents
Ils nous refaçonnent, diminuent notre jugement, nous rendent méconnaissables pour nos proches, mais aussi pour nous même.
Je vois le temps passer maintenant.
Je retrouve mon humour, mon altruisme. Je suis revenu à moi, en moi.
Je suis intact. Mais fissuré.
Maintenant, je fais quoi?
Comment je fais, pour travailler et voir le temps passer sans m’abimer dans le délire d’une société en perdition?
C’est quoi, la recette, l’amulette, la protection pour éviter de devenir un zombie qui mange aveuglément la chair de ses semblables?
Je ne veux pas devenir un paradoxe sale.




lundi 5 août 2013

Hymne à la roue qui tourne, et retourne, et re.... (Société)

Le silence qui règne dans cet endroit qui, normalement, bourdonne...
Difficile à rendre.


Pour la plupart des gens, ce n’est qu’un chantier poussiéreux.
Mais pour quelqu’un qui connait la musique, celle qui nous laisse fatigué le soir, les oreilles encore bourdonnantes d’acouphènes et les mains calleuses, il y a quelque chose de troublant.



Un calme surnaturel.
Dans quelques semaines, ce sera un énorme bureau à aires ouvertes qui fourmillera de travailleurs au téléphone, devant leurs écrans, tendus ou fatigués, voulant atteindre leurs objectifs imposés...
À scruter au loin l’énormité des ces couloirs parsemés de bureaux, à regarder les perspectives et les lignes créées par l’avidité d’en vouloir toujours plus, je perds le fil... 

Lorsqu’on gère autant d’employés, on devient déconnecté. L’altruisme et l’empathie sont aspirés par le nombre, dilués. Staline disait qu’une mort était une tragédie, mais qu’un million de morts, une simple statistique.
Leurs bureaux seront propres, le tapis, immaculé.

Pour ma part, lorsque je termine ma journée de travail sur un tel chantier, je mouche de la poussière jusqu’à tard le soir. De la poussière grise sur le blanc du mouchoir. La poussière du béton qui nous entoure et pousse vers le soleil jusqu’à nous laisser dans l’ombre.


Je vois… Des murs vierges en attente de prendre vie...
Coquilles vides, poussiéreuses.
Qu'est ce qu'ils disent déjà, dans ces livres sacrés de mon enfance qui sont maintenant dépassés par le web et les médias; tu es né poussière, tu retourneras poussière.
Je sens le spectre des travailleurs, ils bougent encore, dans l'air immobile.
Ça crie, ça bouscule le silence dans l'arrêt temporaire d'un rythme effréné.
Ça pousse de partout, comme une infection joyeuse, une nécessité implacable.



Il y a  tellement de chantiers, que parfois, ils se regardent, les yeux dans les yeux...
D’un côté des bureaux, de l’autre, des condos.



Poulaillers industriels avec vues sur la vie en accéléré.



Alors je quitte cette fourmilière vers un endroit où je pourrai respirer. Où la grisaille s’effacera devant la verdure et le chant des grillons.
Sentir mon cœur se synchroniser avec le son des ruisseaux. Fermer mes yeux et sentir l’humidité du lichen sous mes doigts alors que mon dos s’appuie contre l’écorce d’un arbre vénérable.



Atmosphère bucolique et travailleurs infatigables... 
Pas de repos, le butinage n'est pas seulement matière de mœurs légères... La roue tourne.



Je vois cette lanterne, déjà prête pour le quart de nuit...


Il faut déjà que je retourne travailler.


dimanche 24 mars 2013

La lumière éteinte... (société)


Je réalise que ça fait un bout de temps que je n’ai pas alimenté le blogue.
Régulièrement, je me demande de quoi je pourrais bien parler, moi qui aie mon opinion sur tout!
Rien ne semble vouloir venir.
J’ai lu un très bon article aujourd’hui, à propos des origines des clans mafieux montréalais.
J’entends les échos lointains de politiciens dans la chambre des communes, le brouhaha des sénateurs et des hauts fonctionnaires qui continuent de faire comme avant, depuis toujours et pour longtemps.
Mais pas d’ulcères ni de brûlements d’estomacs.
Pas même un soupir.
Les manifestations étudiantes poursuivent leurs routes, l’hôtel de ville de Montréal est toujours aussi arrogant et déconnecté.
Les coupures et les nouveaux programmes le sont d’autant plus.
Je vois, j’entends parler de mariages gais déboutés, de violeurs impénitents et de gens qui les supportent.
Je constate que la pauvreté grandit et que les riches engraissent sans cesse malgré des climats économiques moroses.
Je vois que ma classe disparait rapidement et qu’un jour, ça finira ben par éclater.
Pourtant…
Mon côté avide de croisades et de justice ne bronche pas.
Mes émotions militantes sont en dormance.
C’est que je n’avais plus de travail depuis longtemps.
Mes recherches n’aboutissaient nulle part.
J’étais en errance, peut-être même en dépression, qui sait?
J’ai mille expériences, mais peu de spécialisations.
Je suis efficace et loyal, impliqué, proactif.
Comme tous les autres, sur papier.
J’ai rejoint, momentanément, les 74%.
Je ne le sais pas.
C’est quelque chose qui se fait doucement.
Non. Rien de doux là-dedans. C’est une tragédie intime. L’estime de soi qui disparait dans le néant. J’avais l’impression de ne plus pouvoir apporter quoi que ce soit à la société, à mes enfants, à ceux que j’aime.
Puis la roue s’est remise à tourner.
Je me suis plongé dans le travail.
J’ai consolidé mes dettes.
Je cherche à garder mes acquis.
Je n’ai plus le temps de militer.
Je suis à survivre. Comme tant d’autres.
Le gouvernement et la mafia peuvent m’escroquer à loisir maintenant, je n’ai plus le temps de m’en occuper. J’ai rejoint la meute qui court dans la roue en pensant s’en sortir.
Peut-être même qu’en courant assez vite, je ferai un tour de plus que les autres.
Ben quoi? Rien n’est impossible à celui qui le veut vraiment…
Je ne serai jamais de ceux qui critiquent les indignés et les étudiants, mais j’ai lancé la serviette le temps de me refaire financièrement.
Moi qui me targue de clamer qu’il faut inspirer l’autre 74% de la société qui ne veut pas s’impliquer, sans les juger.
C’est parfois presque impossible.
Quand tu es sur le bord de tout perdre, tu n’as pas le temps d’écouter qui que ce soit. Tu travailles, tu cherches, tu regardes ce qui mettra du pain sur la table pour nourrir ta famille.
Tu angoisses dans ton coin, à deux pas du désespoir.
J’en déduis que le 1% est en bonne voix pour gagner la partie…
La preuve; nous nous appauvrissons de jour en jour.
Pour ce qui est de l’éducation, n’en jetez plus, la cour est pleine.
Si la majorité du monde pense vraiment que la littérature et la philosophie n’ont rien d’important et de précieux à apporter à la collectivité, nous sommes dans la merde.
Well played, Banksy, well played…

J’ai envie d’être positif et d’apporter un peu de soleil sur le net, mais aujourd’hui, je n’y arrive pas.
Le printemps revient bientôt.
Je croise les doigts.





vendredi 1 mars 2013

Sortir de l’auberge (société, économie)


« Nos gouvernements s’accrochent au pouvoir sans convictions politiques, si ce n’est que l’opportunité d’être des rois nègres au service des bonzes de la haute finance. »

Qui a dit ça?
C’est René-Lévesque qui déjà disait tout haut ce qui se savait depuis longtemps.

« 2 grandes traditions qui malheureusement ont marqué trop d'années de l'histoire de la province de Québec. Premièrement le mépris le plus complet pour l'intelligence du citoyen qu'on considère comme une simple marchandise électorale et deuxièmement la servilité d'un parti de roi nègre qui sont en fait les valets de chambres de certains gros intérêts, surtout les plus rapaces, qui eux aussi méprisent la population comme une espèce de tribu arriéré qui est fait pour être exploité à loisir »

Dans la même foulée, il faut aussi voir ce cirque qui perdure depuis toujours : Falardau et « le temps des bouffons » en sont un bon exemple. C’est douloureux à voir.

Vraiment?
Il se trouve de nombreux ouvrages, des centaines de citations, un nombre impressionnant de personnages charismatiques dans le temps, pour clamer l’injustice sociale.
René-Lévesque voyait juste.
Peut-être même un peu trop juste.
Il aimait trop le peuple et voulait son bien, mais il en oubliait de voir ce que le peuple voulait vraiment. Car avec les réseaux sociaux et  l’accès de plus en plus grand à l’information, la seule raison que nos systèmes économiques continuent à fonctionner sans s’ajuster vers une plus grande humanité, c’est que nous sommes collectivement endormis.
En fait, d’écrire le mot « humanité » dans la phrase précédente, suppose que je prends pour acquis que nous ne pouvons, comme peuple, endurer cet état de fait.
C’est peut-être là qu’est l’erreur.
Les beaux discours de leaders charismatiques comme René-Lévesque supposent que les gens rêvent d’un monde meilleur.
Et si ce n’était pas le cas?
Le temps des bouffons suppose qu’il est obscène et indécent qu’un système aussi immonde puisse continuer en catimini. Falardeau le dénonce, il  veut le montrer aux yeux de tous, le crier sur les toits pour que le monde se réveille!
Qui donc à réagi?
Une infime minorité.
Il se trouve des gens qui voudraient y participer, moyennant une rémunération. 
D’honnêtes (?) travailleurs qui ne voient pas l’odieux dans cette mascarade. Pourvu qu’ils puissent payer leur loyer. C’est ainsi depuis la nuit des temps.

Le FRAPRU réclame des logements accessibles.S’ils font une manifestation, il s’en trouvera toujours pour dénoncer qu’ils empêchent les bonnes gens d’être productifs et de circuler.
« Qu’ils travaillent plus! Ils pourront se payer un beau condo!!! ».

Les choix sociaux ne sont pas possibles s’ils diffèrent de la normalité connue. Nous sommes soumis à un énorme réflexe de Pavlov collectif. Les indignés et les idéalistes sont dilués dans le nombre.
En fait, tous les mouvements, comme Idle no more par exemple, devrait simplement grossir les rangs des indignés.
Il faut cesser de diviser tout le monde en petite cause.
Les indignés réclament une meilleure qualité de vie pour tout le monde. Les Amérindiens font partie de tout le monde.
Nous sommes une grande collectivité avec nos distinctions.
Si tout le monde continu à tirer la couverte de son bord, nous n'irons jamais nulle part.
Pour ce qui est des manifestations dégénérant sous les insultes, je trouve vraiment désolant de voir des gens militer sans savoir pourquoi.
Des gens qui se cherchent une cause sans vraiment vouloir s’impliquer.
Manifester n’est pas un sport ou un passe-temps…

Lorsque mes enfants sont allés manifester, je leur ai demandé de ne pas partir avant de pouvoir répondre à mes questions de façons claires et intelligibles.
Je leur ai dit que chacun d’eux, en allant manifester, devenait un porte-parole de sa cause.
Rien de moins.
Ce qui me trouble de plus en plus, c’est de voir que les discours les plus étoffés et les mieux documentés n’arrivent pas à émouvoir ceux qui sont convaincus du contraire.
Pourtant… Pas besoin de creuser beaucoup pour trouver des raisons.
Je prends 2 minutes pour réfléchir et je trouve :
Les banques, qui font des profits records, les salaires des PDG des banques canadiennes qui tournent autour de 10 millions de dollars par années.Voulez-vous savoir les salaires moyens des recteurs ?
Oui, ils gagnent quand même beaucoup moins que les PDG des banques… Mais comment dire aux étudiants de se serrer la ceinture lorsque, du haut d’une tour d’ivoire, on gère une organisation publique de façon douteuse avec des preuves énormes de corruption, de collusion et de négligence?

PatrickLagacé écrivait, durant la dernière campagne électorale de Jean Charest, que celui-ci arrivait à dire, sans sourciller, les pires énormités:

-Tony Tomassi est un bon ministre de la Famille.
-Financer à 100% des écoles privées juives, c'est juste de l'inclusion.
-Pas besoin d'une commission d'enquête.
PAS BESOIN D’UNE COMMISSION D’ENQUÊTE!!!!
Il est bien évident que si vous ne connaissez pas la commission Charbonneau, vous ne vivez pas au Québec.
Quel ramassis de voleurs et d’irresponsables sans aucune empathie (sinon pour leur propre compte de banque).
Je ne parlerai pas des gaz de Schiste, ni des centaines d’autres sujets délicats, y compris les redevances des grandes sociétés et corporations.
Je ne parlerai pas non plus du manque de transparences des grands partis politiques (Libéraux, PQ, etc.) et des scandales qui les suivent et leur collent à la peau. 
Aucun politicien ne semble jamais être redevable de ses actions ou de ses promesses. C’est une énorme farce. C'est ça, le vote stratégique....

Richard Martineau, un autre de nos nombreux démagogues d’estrade, s’est dépêché de critiquer les étudiants et leurs trains de vie.
Aujourd’hui, il se plaint des méchants gestionnaires de la ville de Montréal, qui ont coupé les services et augmentés les taxes pour arriver à payer la collusion et les pots de vin.
Pourtant, les étudiants qui demandent la gratuité ou le statu quo en revendiquant une meilleure gestion sont dans une position assez similaire.
Les indignés sont fatigués d’être témoins de tout ce cirque, et d’avoir à payer pour ça en plus.
Assez, c’est assez!

Pourtant, un matin parmi tant d’autres, j'ai aperçu la lumière d'un phare dans la brume de la nuit.

L’article provenant du cahier Affaires de La Presse, maintenant en ligne, parle de l'autre HEC.
Pour la première fois de ma vie, je m'y inscrirais sans hésitation!
On y parle de théorie sur un modèle de décroissance soutenable, et de la possibilité théorique d'une plus grande liberté dans une économie à l'échelle humaine.

J'ai toujours trouvé que l'économie actuelle ressemblait un peu trop au modèle pyramidal.

Enfin, des gens à contre-courant qui sauront être crédibles avec des arguments moins émotifs.

Reste encore à les faire découvrir au 75% de la population rétive à tout changement. C'est ici qu'on entre tous en jeux!
Car si qui se ressemble s'assemble, il faut maintenant sortir de nos bulles et rencontrer le vrai monde; les autres.

Assez d'indignations: il faudrait passer à l'action, car c’est possible!
Encore faut-il le vouloir.
C’ est un prérequis pour passer à l’action.

Ce n’est pas sortir de l’auberge qui presse, c’est sortir de la bergerie.




dimanche 24 février 2013

-Déroger du troupeau (société)


J’ai lu un article, la semaine passée, qui m’a propulsé une dizaine d’années en arrière.
C’est un texte traitant de dérogations pour parvenir à envoyer les enfants à l’école plus tôt.
Mes deux filles sont nées à cette période de l’année, qui fera qu’elles seront toujours un peu plus vieilles que les autres tout le long de leur parcours scolaire.
C’est une différence d’âge qui parait beaucoup durant les onze premières années, mais qui finit par s’estomper avec l’âge et l’expérience.
Il se trouve pourtant des parents qui veulent que leurs enfants entrent à l’école le plus tôt possible.
Ma copine m’en parle souvent. Elle travaille pour une commission scolaire. C’est, je la cite, la période de l’année où les enfants sont « donc intelligents».
Le téléphone ne dérougit pas. Il est des parents qui clament haut et fort que leur enfant est prêt et ne devrait plus attendre pour joindre et grossir les rangs d’écoliers.
Un système basé sur l’humain moyen, où un élève sur 10 décrochera avant de terminer son secondaire.
Un énorme moule qui ne tient pas compte de vos forces ni de votre créativité, mais de votre rythme à suivre comme les autres.
Ensuite, c’est la vie.
Beaucoup de travail, d’angoisses, de responsabilités.
Beaucoup d’envies.
Être mince, en forme, riche,  beau, avec un titre.
Parce qu’après avoir été formatés par le grand moule institutionnel, nous sommes happés par la machine médiatique qui nous conditionne à vouloir plus, comme tout le monde.
Chez nous, on s’efforce de tout déconstruire ça.
C’est pas facile.
Apprécier ce qu’on a.
Se rappeler qu’on a déjà beaucoup, avant de vouloir plus.
On a choisi de ne pas avoir la télé, seulement internet.
Mais la pub nous rattrape toujours.
Alors pour les dérogations…
Une année de plus, pour vivre son enfance.
Est-ce que c’est vraiment déraisonnable?
L’enfance est tellement courte, devant la vie d’adulte qui les attend.
S’il vous plaît, l’insouciance de l’enfance ne peut pas se racheter plus tard, avec une carte de crédit.





lundi 4 février 2013

-Comme une pièce… D’évidence (Politique, Société)


La nausée…
Parce que encore et encore.
Comme le film du jour de la marmotte.
Newton, 14 décembre.
Une école comme les autres. Paisible à l’heure des cours, turbulente durant les récréations, pleine d’espoirs et de passions naissantes.
Des détonations, des cris. Des pleurs.
L’horreur.
Un réveil brutal.



Quand va-t-on réaliser que des armes conçues pour la guerre ne doivent pas être en circulation à portée de toutes les mains?
J’ai le droit de conduire une automobile. À la rigueur, je peux même m’acheter un Hummer. Mais ai-je le droit d’avoir un tank?
En fait, est-ce que la question se pose???
Même le Governator, Monsieur Schwarzenegger est d’accord pour dire qu’il faut un plus grand contrôle des armes à feu.
Les statistiques confirment qu’il y a un sérieux problème aux É.-U.
La comparaison avec les autres pays industrialisés est sans pitié.
Et vous savez quoi?
Nous sommes voisins.
Nos gangs de rues, et nos criminels s’approvisionnent où d’après vous?
Une arme à feu entreposée à la maison est 43 fois plus susceptible de tuer quelqu’un y vivant que de tuer en cas de défense légitime.
Une arme à feu entreposée à la maison triple le risque d’homicide.
Le risque de suicide est cinq fois plus grand dans les foyers où il y a des armes à feu.
Aux États-Unis, on compte plus d’un meurtre toutes les heures.
Il y a un nouveau Newton toutes les 28 heures…
Parce que 28 victimes s’éteignent de façon violente toutes les 28 heures.
Heure par heure.
Un nouveau Newton…

L’argument des gens pour les armes à feu; les États-Unis ne sont pas le pays où il y a le plus de meurtres par armes à feu.
Les comparaisons sont faites avec des pays comme la Sierra Leone. Des pays ou la corruption et le chaos font partie du quotidien. Y vivre ou y mourir tient à bien peu de choses.
C’est un peu comme se demander si on peut se procurer un tank comme véhicule civil.
Ça ne tient pas la route.
Ça la défonce.
En fait, posséder une arme à feu n’est pas très différent de posséder une automobile.
Un fou furieux pourrait très bien utiliser son auto pour foncer dans une foule.
Régulièrement, un inconscient se sert de son auto de façon extrêmement dangereuse. Des vies s’éteignent, ou sont mutilées à jamais.
Mais voilà. Il y a réellement un contrôle des automobiles, avec une société pour s’en occuper.
Pourquoi pas la même chose pour les armes à feu.
En fait, chez nous, la SAAQ s’occupe aussi de la carte d’assurance maladie.
Pourquoi ne pourrait-elle pas faire ça aussi?
Ça nous ferait une belle grosse banque de données, pas trop dispendieuse.
Nos policiers pourraient utiliser cet outil. Certes, il y aurait encore des meurtres, mais au moins pas des carnages en règles.
Nous ne sommes pas près de comprendre pourquoi nous attendons l’impensable avant d’agir.
Newton risque de se reproduire encore et encore avant que nous puissions voir de réels engagements à changer les choses.

En passant, c’est moi où il y a de plus en plus de conducteurs agressifs sur les routes?